dimanche 16 mars 2014

Je donne, tu donnes, il donne!

Dernièrement, avec mon arrêt de travail, par l’entremise de rencontres lors de mon remplacement à l’AEO (Accueil, évaluation, orientation) au CLSC, avec ma première relation de couple et grâce mes observations personnelles, j’ai eu à réfléchir, et ce, principalement sur le don de soi.

J’ai constaté que certaines personnes, dont moi, donnons beaucoup dans nos relations (tant amicales, familiale ou amoureuse) et  au travail. J’observe aussi que certaines de ces personnes finissent  soit par ne plus avoir la capacité de donner autant, trouve avoir donné beaucoup sans reconnaissance ou réciprocité et que parfois, à terme, elles sont tristes et déçues.  

Mais pourquoi en est-il ainsi? Le don de soi et la générosité, n’est-ce pas censé être gratuit et sans attente ? Donner ne doit-il pas être un geste noble et pur générant un bonheur indescriptible?

Je réalise que souvent, pour moi, le fait de donner est une action dirigée envers et pour moi-même. J’aimerais croire encore le contraire et vous dire que c’était toujours de la bonté et de la générosité mais : je donnais, souvent, égoïstement.  C’est pour cela,  qu’il m’arrivait d’être triste et déçue. En apparence je donne, mais en réalité je m’attends à recevoir. Lorsque l'on parle du don, il est fondamental de réfléchir aux raisons derrières nos actes, puisque si nous offrons pour de mauvaises raisons, avec des attentes, la possibilité d’être déçu s’accroît. Et on sait, particulièrement dans le cas de relations, que plus nous avons en estime une personne et plus il est souffrant d’être déçue à son contact.

Pourquoi dis-je que lorsque je donne c’est égocentrique. Je vous explique. Je pense qu’inconsciemment, jusqu’à maintenant, dans le fait de donner, il y avait pour moi la recherche principale de deux choses : la reconnaissance et de liens. Comme si, en donnant à quelqu’un, ça m’assurait d’une image positive de moi-même et d’un lien nous unissant. La plupart du temps, lorsque je donne, je choisi à qui je donne et ce que je donne. Si je fais à souper à mon chum toute la semaine je me dis, inconsciemment qu’il va se souvenir de ce geste, qu’il me reconnaîtra comme une amoureuse attentionnée et comme une bonne personne. Aussi, ça m’assure de préserver l’harmonie entre nous deux, puisque dans sa perception, je lui donne de mon temps, j’utilise des minutes de ma précieuse vie POUR lui, et à quelque part il doit se dire qu’il se doit d’en faire autant le moment venu… Dans mes recherches, j’ai lu une phrase qui m’a frappé et dans laquelle je me suis reconnue je vous la transmet:  « Souvent, dans le don, le lien que le don établit entre le donateur et le donataire est trop fort pour les deux »? Et si cette partie de soi qu’on transmet à l’autre était trop intense et lourde à porter pour cette personne? Et si après 25 ans, à tous les jours, je fais le souper, le diner et le déjeuner, lui prépare son café, lave ses vêtements,  lui coupe les ongles d’orteils et lui lavent les oreilles (Je vous rassure, j’exagère là, à une époque j’aurais peut-être fait ça, mais maintenant je fais uniquement le ¼ de ce qui est nommé!) est-ce qu’il naîtra chez mon amoureux la sensation qu’il me doit quelque chose de plus grand que lui-même et qu’au final, il ne pourra jamais TOUT redonner l’équivalent de 25 ans de vie commune? Et moi de mon côté, après 25 ans, peut-être n’aurais-je plus la force de faire trois repas par jour en fonction des goûts de l’autre et tout ce que j’ai pu énumérer plus haut. Bref, tout cela pour dire qu’au fil de ma réflexion, je réalise que ce qu’il faut miser au sein des relations, ce n’est pas le don, mais bien l’échange. 

À mon avis, il est essentiel de faire la lumière sur la différence existante entre le « don » et « l’échange ». Prenons l’exemple du travail, où il est plus aisé de voir la nuance. Notre employeur attend de nous des tâches précises. En répondant aux tâches nous recevons une paie. C’est un échange. Un service contre de l’argent.  (Certes, dans certain type d’emploi,  principalement ceux évoluant auprès de la population, soit service à la clientèle, services de santé, l’éducation, etc., souvent cela dépasse la définition que je viens d’émettre puisqu’il y a des gens en cause, des personnes vivantes crépitantes de sensations et d’émotions. )  Il y a dans la définition de l’échange avancée trois concepts inter reliés les attentes-une réponse à ces attentes-Réception de quelque chose. La ligne directrice est claire, nette et précise. Tu me dis ce dont tu as besoin, je te donne, tu me donnes en retour! La même chose dans une relation de couple. C’est loin d’être romantique comme définition, mais ultimement on veut s’aimer le plus longtemps possible, alors visons juste!

Pour ce qui est du don, j’ai lu plusieurs textes et les auteurs, évidemment, ne s’entendent pas. Je vais donc utiliser la définition qui me sied davantage. Pour moi, le don, c’est un geste gratuit, libre et désintéressé qui, rend le receveur libre de donner  ou non. En conservant l’exemple du travail, un don serait, faire les urgences psychosociales une journée puisque l’intervenante doit se rendre chez le médecin, à même mon travail habituel.  Pour ce qui est de la relation de couple, un don serait de laisser mon chum fumer la cigarette même si ça me tue moi aussi à petit feu!

Maintenant que cela est clair, je réalise au terme de cet article plusieurs choses :
1-Rares sont les gens qui font réellement preuve du don de soi;
2- Baser vos relations avec les gens sur l’échange et non pas le don. Il est correcte je pense de donner parfois. Or, à trop le faire on crée l’effet inverse et on peut se réveiller un matin et se rendre compte qu’au final, nous ne sommes pas heureux;
3- Je ne suis pas une mauvaise personne parce que je ne donne pas abondamment. Je serai une mauvaise personne à trop donner incorrectement, c'est-à-dire en ayant pas conscience des raisons pour lesquelles je donne;
4- Je suis bien contente d'avoir eu mon premier chum à 23 ans finalement, je me serais détruit sinon c'est sure! ;

5- J’aime vraiment ça écrire!

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